Élizabeth LeFort
Élizabeth LeFort a quitté l’école en 1926 à l’âge de 12 ans afin d’aider avec les travaux ménagers, mais surtout pour contribuer aux revenu de sa famille en créant, avec de la laine, de la jute et un crochet, des tapis « hookés », comme l’avaient fait ses sœurs aînées avant elle.
La vie se poursuivait comme on peut l’imaginer, Élizabeth habite chez ses parents et éventuellement accepte des emplois comme ménagère. Toutefois, elle continu toujours de confectionner des tapis « hookés ». C’est en 1940 que survient le point tournant de sa vie.
La famille avait reçu pour Noël une carte de la mère d’une belle sœur d’Élizabeth, une Anglaise qu’avait épousée son frère. La carte était une image typique, une petite chaumière près d’un ruisseau avec des canards et des brebis, le tout en multiples tons de bruns (ou sépia). Élizabeth se dit qu’elle pourrait reproduire cette image sur toile. Elle teint elle-même les 28 nuances de bruns nécessaires. Dès lors, l’artiste sait qu’elle est appelée à créer. « C’était mon début. C’est à ce moment-là que Dieu a pris charge de moi. » La pièce est si belle et lui rapporte si facilement la somme de 25 $, plus de deux fois le prix habituel, qu’elle en fera six autres sur le même thème, dont l’une se retrouve aujourd’hui dans la galerie Élizabeth LeFort aux Trois Pignons.
Elle continu à « hooker » des tapis pour vendre dans la région et c’est 14 ans plus tard qu’elle est découverte par le monde extérieur grâce à un tapis représentant un cheval avec, à l’arrière-plan, un champ typique de la région. La pièce est si belle et si bien faite qu’elle attire l’attention de Kenneth Hansford, propriétaire de la boutique artisanale Paul Pix. Il fut impressionné à point tel qu’il l’achète immédiatement. Peu de temps après, il achète un deuxième tapis, une scène de coucher de soleil et prend les dispositions nécessaires pour acheter toutes les œuvres futures d’Élizabeth.
Bientôt, elle est embauchée comme artiste en résidence à la boutique de M. Hansford pour la somme princière de 50 $ par semaine. Elle fabrique des tapis représentant une grande variété de sujets : des fleurs, des scènes pastorales, des oiseaux et autres animaux.
M. Hansford la sait tellement douée qu’un an plus tard, il lui demande de confectionner un portrait et propose comme premier sujet nul autre que le président des Etats-Unis, Dwight D. Eisenhaur. En trois semaines seulement, elle avait « hooké » 160 000 points pour compléter le portrait. Deux ans plus tard, en 1957, M. Hansford avait réussi à ce qu’Élizabeth soit invitée à la Maison blanche pour en faire la présentation.
Son art ne se retrouve pas seulement à la Maison blanche. D’autres portraits suivront : la reine Élizabeth II, le prince Charles, les papes Pie XII et Jean XXIII, Jacqueline Kennedy, le président Lyndon Johnson, les premiers ministres Lester B. Pearson et John Diefenbaker, entre autres. Ses œuvres sont dorénavant affichées au palais Buckingham, au Vatican, à la Maison blanche et ailleurs.
C’est en 1960 que la création des grandes tapisseries a débutée avec la confection du tableau des 33 présidents des Etats-Unis, une œuvre de 5,85 mètres carrés qui avait requis 390 couleurs, 11,27 kilomètres de laine et plus de 750 000 points.
Élizabeth continue de créer ces œuvres majestueuses avec une série de reproductions de peintures religieuses, dont la Cène de Léonardo de Vinci, des images de la vie, la mort et la résurrection de Jésus, ainsi que des œuvres originales de moments marquant de l’histoire de Canada.
Le lendemain de la fête de l’Action de grâce en 1967, Élizabeth LeFort épouse Kenneth Hansford lors d’une simple cérémonie à l’Église Saint-Pierre de Chéticamp. Elle avait 53 ans, lui 62. Les deux hivernent en Arizona où Élizabeth travaille à son art pendant les mois d’hiver.
En 1975, Élizabeth se voit décernée un doctorat honorifique de l’Université de Moncton au Nouveau-Brunswick.
En 1983 a lieu l’ouverture officielle de la galerie Élizabeth LeFort dans l’édifice Les Trois pignons, en compagnie du vice-premier ministre, l’Honorable Allan J. MacEachen. Les Trois Pignons abritait depuis 1981 une collection des 17 œuvres. À cette collection s’ajoutent six autres tapis, des pièces qu’Élizabeth et son époux ont sagement décidé de ne pas laisser passer à des intérêts privés.
En 1985, le mari d’Élizabeth subi une apoplexie majeure et est hospitalisé pendant plusieurs mois avant de pouvoir retourner chez lui. Deux ans plus tard, en 1987, Élizabeth est reçue à l’Ordre du Canada, accompagnée de son mari en fauteuil roulant. Son mari est décédé durant la même année.
Élizabeth LeFort poursuit à son art jusqu’à sa mort le 10 octobre 2005 à l’âge de 91 ans.
Pour plus de détails sur la vie de l’artiste Élizabeth LeFort, ne manquez pas de visiter la Galerie Élizabeth LeFort et de lire le livre « L’artiste canadienne de la laine » de Daniel Doucet, disponible à la boutique des Trois Pignons.