Marguerite Gallant
Marguerite Gallant en née en 1890 à Terre-Noire, à environ 25 kilomètres de Chéticamp. Marguerite est l’avant dernière d’une famille de 10 enfants, six frères et trois sœurs dont deux plus aînées sont décédées dans l’enfance et dans la vingtaine respectivement et la dernière-née après elle.
Ses parents sont d’humbles Acadiens. De son dire, son père Padé s’était lancé dans la vie comme capitaine marin et avait trois bateaux qu’il pilotait de Chéticamp jusqu’aux Antilles. Il en avait perdu un, un autre avait brûlé et le troisième fut saisi par le shérif. « Pour la somme de quelques quatre-vingt dollars, on lui avait ravi le bateau, un doris, des vaches et des moutons ainsi que sa maison et sa grange. » Ayant tout perdu en raison de taxes arriérées, il dû se lancer dans la pêche.
Il déménagea sa famille de Terre-Noire à St-Joseph-du-Moine et ensuite à Chéticamp où il construit un petit logis pour abriter sa famille sur une pointe de terre qui relie « l’île » de Chéticamp à la grande terre. N’y connaissant pas plus de succès, il finit par aboutir à Glace Bay au Cap-Breton songeant sans doute faire gagner ses garçons. La plupart devinrent en effet mineurs et réussirent bien dans la vie.
Marguerite avait le don de découvrir et d’apprécier la beauté dans choses ordinaires, particulièrement dans les objets rejetés par les autres. Dès son enfance, elle collectionnait déjà des petites bouteilles de parfum vides. Dès l’âge de 11 ans, elle fut engagée comme servante chez son oncle à Terre-Noire.
À l’âge de 16 ans, Marguerite émigra au Connecticut, aux Etats-Unis où elle travailla comme femme de chambre et même comme compagne à des dames âgées. La première dame pour qui elle travailla était Mary Cahill, veuve de l’antiquaire Edward Cahill. À son décès, Marguerite hérita de certains articles dont une grande table de trois mètres qui fut expédiée à Chéticamp, avec les chaises et quelques autres choses, aux frais de la famille. Elle avait aussi demandé une paire de bottes portées par Douglas Fairbanks, un ami de Mme Cahill, dans son rôle de Robin des bois. Elle voyagea beaucoup avec ses clients américains visitant 46 des 48 états qui faisaient partie des Etats-Unis à l’époque.
En 1938, alors âgée de 58 ans, Marguerite se retire et revient s’établir à Chéticamp. Elle emménage dans la petite maison de son père qu’elle avait fait agrandir et déplacer plus près de la route alors qu’elle habitait toujours aux États. En plus de ses collections d’articles de tout genre, Marquerite avait hérité d’une collection de livres et d’encyclopédies de son frère, Charles, de qui elle avait appris à lire.
Dans sa petit maison remplie à craquer de trésors : bouteilles, lampes à pétrole, livres, cordage à noué en nœuds marins, qui pendaient de clous plantés au mur ou de crochets à tasse visés au plafond, elle accueillait quiconque voulait la visiter. À mesure que sa réputation se faisait, de plus en plus de personnes venaient la voir, lui apportant souvent des objets plutôt que d’en disposer.
Marguerite avait un petit chariot en bois que lui avait construit un ami, coupant les roues dans un billot et les couvrant de caoutchouc de pneu. Un jour, un visiteur à la roue d’une Chrysler lui proposa, pour la taquiner, d’échanger son chariot pour la voiture. « Jamais d’la vie », lui dit-elle, « j’aurai mon chariot longtemps après que ta Chrysler soit disparue. » Et de fait, son chariot se trouve aujourd’hui dans un musée alors que la Chrysler…. et bien qui sait?
À sa mort en 1983, sa collection devient la propriété de la Société Saint-Pierre et est déménagée aux Trois Pignons. Un an plus tard, la collection avait été cataloguée et était prête pour l’exposition. Le musée ouvre au publique en 1985 dans le cadre du bicentenaire de Chéticamp.
Ses souvenirs et ses trésors demeurent pleins de vie. Ils continuent de promouvoir la simplicité et de nous sensibiliser à notre responsabilité de maintenir le souvenir des trésors de notre passé.
Pour en apprendre plus sur la vie de cette grande Acadienne, venez voir ses trésors au musée du Centre culturel Les Trois Pignons et procurez-vous le livre « Marguerite Gallant, un Acadienne légendaire » de Béatrice Desveaux et Daniel Doucet.